Données ouvertes : éléments clés pour promouvoir la transparence, la redevabilité et l’information du public dans le secteur minier
Ces dispositifs sont renforcés par l’article 122 du même code sur le respect des engagements internationaux, y compris le processus de Kimberley et l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractive (ITIE). En tant que pays membres de l’ITIE, la Guinée est également engagée à respecter la norme 2019 qui encourage la divulgation systématique des données liées à l’exploitation minière, la sensibilisation du grand public, et l’ouverture des données afin d’assurer qu’elles soient accessibles, diffusées et réutilisées. Mais, en dépit de cet arsenal juridique, la disponibilité et l’accessibilité des données sur les activités des entreprises minières en Guinée reste un défi, ce qui empêche de favoriser un débat public digne de ce nom. C’est dans cette perspective qu’Action Mines Guinée, une des OSC les plus actives dans le secteur minier guinéen, accompagné par NRGI et le ministère des Affaires étrangères de Finlande, a mise en œuvre en 2022 un projet visant à promouvoir l’utilisation des données dans le secteur minier guinéen par les citoyens en général et en particulier, par les jeunes, les OSC, les universitaires et les leaders communautaires.
Démocratisation du débat sur la gouvernance du secteur minier guinéen
Le débat public et l'accès à l'information constituent des piliers clés du renforcement de la transparence et de la redevabilité. Dans le cadre du projet, l’équipe d’Action Mines Guinée a non seulement bénéficié d’un renforcement de capacité en communication digitale, mais aussi sur la stratégie de l’utilisation des données pour l’information publique.
De plus, l'un des principaux objectifs du projet est de faire en sorte que les jeunes soient engagés dans les processus liés au secteur minier du pays. Dans cette perspective, un concours de débat public sur le secteur minier a été organisé entre six jeunes, ce qui a mobilisé plus de 80 participants venant du ministère des Mines et de la Géologie, de l’ITIE-Guinée, de la presse écrite et audio-visuelle, des OSC et des universitaires. De plus, Action Mines Guinée a réalisé une évaluation sur le niveau de transparence des entreprises minières en termes de publication de données. Afin de promouvoir l’ouverture des données, les résultats dudit rapport ont été largement diffusés et ses recommandations feront objet de plaidoyers pour leurs prises en compte non seulement par les entreprises concernées, mais aussi par le gouvernement guinéen.
Engager les jeunes et les citoyens : Éléments de réussite et leçons apprises
Le projet a permis de renforcer les capacités de l’ONG Action Mines Guinée en matière de communication digitale et de diffusion des résultats obtenus des projets qu’elle réalise. Il a également permis d’encourager les entreprises minières en exploitation à améliorer leur pratique de divulgation d’informations sur leurs sites web. Vingt (20) jeunes ont participé à la formation portant sur les sources et utilisation des données du secteur minier. Ces jeunes ont utilisé des sources de données majeures sur le secteur minier en Guinée lors des travaux pratiques de la formation, leur permettant ainsi d’aborder diverses questions de gouvernance minière, telles que : les revenus infranationaux, la contribution du secteur minier dans le revenu de l’Etat, le paiement des dépenses environnementales par les entreprises minières, etc. Ces jeunes participants sont issus en grande partie du monde universitaire et des organisations de la société civile.
La mise en œuvre de ce projet a également permis de faciliter l’accès à l’information des citoyens sur le secteur extractif guinéen et de découvrir des jeunes particulièrement talentueux en termes de recherche et d’analyse des données par rapport au secteur extractif dans le pays. De plus, les six jeunes finalistes du concours-débat ont bénéficié d’outils de recherche, notamment d’ordinateurs et de kits de connexion internet ainsi que de téléphones Android.
En termes de leçons apprises, la réalisation des différentes activités a permis entre autres aux membres de l’ONG Action Mines de découvrir Canva et KineMaster, des logiciels de montage photos et vidéos pour améliorer la communication de l’organisation, et de comprendre les enjeux de la protection des données numériques pour la sécurité individuelle et collective des membres d’Action Mines. L’évaluation menée dans le cadre de ce projet pousse en même temps les entreprises minières en exploitation à fournir des efforts pour la publication des données sur leurs sites Internet pour les unes et de créer des sites pour les autres au bénéfice des populations. Sur la même lancée, plusieurs jeunes ont renforcé leur compréhension des techniques de recherche, de rédaction et de restitution d’une recherche scientifique ainsi que les principales sources de données en lien avec le secteur minier.
Principaux défis et perspectives
La mise en œuvre de ce projet a permis de relever de nombreux défis qui se posent à la gouvernance du secteur minier et à l’accès à l’information. La difficulté d’accès à certaines informations empiriques auprès des entreprises minières, et des administrations publiques restent un obstacle majeur, mais aussi l’opportunité d’un plus grand élargissement de la couverture médiatique du débat pour toucher plus de monde. La continuité de ce type de cadre de discussion autour du secteur minier est une préoccupation majeure pour tous les participants. La délocalisation du débat dans les zones minières, celles de Boké et de Siguiri notamment, est essentielle pour une large appropriation et une inclusivité du débat.